Pour Elles

Kinshasa, 29 février – Le Ministre de l’Entrepreneuriat lance le projet ‘Pour Elles’ financé par l’AFD, en présence des membres du comité de pilotage

Deux ans après les premières discussions entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo et le Groupe l’Agence Française de Développement, le projet Pour Elles qui vise l’autonomisation économique des femmes en RDC a été lancé ce dernier jour de février par le ministre congolais de l’entrepreneuriat, petites et moyennes entreprises, Désiré Birihanze, en présence notamment de la directrice adjointe de l’AFD, Sophie Rech et de la cheffe du projet, Artemise Pembele Dacosta.

« Pour Elles », une réponse aux inégalités

Pour les quatre ans que durera le projet (2024-2027) dans les trois villes choisies, Bukavu, Kikwit ainsi que la capitale Kinshasa, 1200 femmes, au total, seront accompagnées et 600 recevront des financements ciblés. Ainsi, Expertise France qui exécute le projet a bénéficié de 12 millions de dollars à titre de subvention directe de la part de l’AFD. Lors de cette cérémonie, la directrice adjointe de l’agence a tenu à rappeler le contexte du projet.

« Le projet ‘Pour Elles’ est né de la volonté du Groupe AFD et du gouvernement congolais à transformer profondément l’écosystème entrepreneurial en vue qu’il intègre durablement les contraintes rencontrées par les femmes entrepreneures. Il part du constat qu’en République Démocratique du Congo, de nombreux obstacles limitent l’accès à l’éducation, à la formation et au financement pour les femmes entrepreneures ».

En effet, à l’instar d’autres secteurs de la vie sociale, celui l’entrepreneuriat fait l’objet d’inégalités basées sur le genre. « Souvent, on oublie la femme. Surtout quand il faut donner des fonds : elles reçoivent moins de fonds que les hommes ou alors on donne des fonds à un nombre élevé d’hommes et à un nombre minimum de femmes », regrette, pour sa part, Chantal Mulop, qui a représenté le président président Félix Tshisekedi. La conseillère spéciale en charge notamment de la lutte contre les violences basées sur le genre a pris soin de souligner un fait évident qui n’est pas toujours pris en compte dans la sphère entrepreneuriale. « Mais il faut savoir aussi que les femmes remboursent les prêts plus facilement que les hommes ».

Mais les inégalités ne sont pas uniquement celles entre les hommes et les femmes ainsi que le reconnaissent les promoteurs du projet. Les stéréotypes sociétaux au regard de l’état civil ou de la condition physique sont une forme de discrimination. Ainsi Pour Elles a également pour pilier l’inclusion.

« Le projet espère accompagner différents profils de femmes d’un point de vue économique mais aussi d’un point de vue social : des femmes veuves, des femmes mariées, des femmes qui parfois présentent des traits de vulnérabilité comme le handicap,… », révèle Artemise Pembele Dacosta, cheffe de projet. Elle n’a pas manqué l’occasion de rappeler les critères d’accès aux opportunités qu’offre le projet. « Simplement, on va demander à ce que les femmes entrepreneures qui soient accompagnées soient en activité depuis minimum un an, qu’elles aient une réelle volonté de croissance, de créer de l’emploi et que leur activité apporte une valeur ajoutée à leurs provinces d’appartenance ». Ils s’appliquent indifféremment à chaque domaine dans lequel les femmes entrepreneures exercent « Pour Elles s’adresse à tout type de femmes : ça peut être des femmes qui sont maraîchères, d’autres qui sont mécaniciennes, artistes, commerçantes ». Foncièrement objectifs.

Un projet pour de la valeur ajoutée

Selon le ministre de l’entrepreneuriat, micro, petites et moyennes entreprises, Désiré Birihanze, l’entrepreneuriat féminin figure en bonne place dans l’agenda quinquennal de l’État congolais qui, comme ces dernières années, s’est publiquement engagé, début 2024, à « accélérer la promotion de l’entrepreneuriat… des femmes au moyens d’une approche volontariste inspirées de (nos) réalités sociétales ». Évidemment, un tel objectif a dû faciliter les échanges entre les autorités et les délégués du Groupe AFD. Mais, Pour Elles n’a pas pour seul argument sa consonance féministe. « Par exemple, explique le ministre, des mécanismes de financement de type ‘prêt d’honneur’ (proposé par le projet, ndlr) c’est-à-dire sans frais de dossier, sans taux d’intérêt et sans garantie seront testés » et constituent le meilleur gage pour « garantir à des femmes entrepreneures un parcours et un développement répondant à leurs problématiques ».

Et justement les besoins non sont pas uniquement financiers. Comme le démontrent des études préliminaires menées dans le cadre du projet Pour Elles, le renforcement des capacités ainsi que la promotion et la valorisation de l’entrepreneuriat féminin sont aussi importants que l’autre composante du projet, à savoir l’appui technique et financier des femmes entrepreneures. Car, si celles-ci reçoivent des financements sans qu’elles ne soient outillées à la manière de conforter leurs entreprises, les objectifs risqueraient de ne pas être atteints. « Cela va être important pour nous, que les 1200 femmes puissent se lever et dire ‘oui, j’ai bénéficié des services dans le cadre du projet Pour Elles et effectivement, j’ai amélioré les performances de mon entreprise et j’ai aussi amélioré mon pouvoir d’agir ; je me sens aujourd’hui plus confiante, ambitieuse pour développer mon entreprise », espère la cheffe du projet, Artemise Pembele Dacosta ; et à juste titre. Car un des baromètres de la réussite de ce projet sera l’effet d’entraînement. Dans un pays où le chômage est un des principaux tourments des dirigeants, la conseillère du président Tshisekedi veut croire que les femmes entrepreneures qui bénéficieront du projet emploieront des gens au fur et à mesure que leurs entreprises vont croître.

« Quand on crée une entreprise, on peut créer aussi de l’emploi et ça, ça fait partie du développement du pays. On espère que les femmes qui vont créer leurs entreprises, accroître leurs affaires (grâce au projet Pour Elles, ndlr) pourront agrandir leurs entreprises et pourquoi pas exporter le made in Congo », a-t-elle projeté.

Fédérer les efforts pour la réussite du projet Pour Elles

Dans son mot d’ouverture, le ministre Désiré Birihanze a « remercié du fond du cœur l’Agence Française de développement pour son appui continu en faveur de la promotion de l’entrepreneuriat national (de la RDC, ndlr) ». Peu avant cela, lui qui espère que le succès de ce projet motive le bailleur des fonds à le répliquer dans d’autres provinces du pays, a alors « exhorté tous les membres du Gouvernement ici présents à fédérer les efforts autour de ce projet ». Et il y a de quoi se mobiliser et mobiliser tous les acteurs de l’écosystème entrepreneurial, secteur public ou privé. Quoique souvent laissées derrière, les femmes sont un pan considérable du tissu économique congolais. La directrice adjointe de l’AFD l’a d’ailleurs évoqué en deux chiffres pertinents. « 43 % des entrepreneurs congolais sont des femmes. Et les femmes entrepreneures dirigent en majorité les très petites unités économiques ; les femmes entrepreneures sont les promoteurs de leur affaire : 73% de femmes entrepreneures ont créé seules leurs entreprises ». Et ce n’est pas que l’affaire des chiffres. Sur le terrain, l’impact de l’entrepreneuriat féminin est presqu’aussi banalisé qu’il est réel. Dans un des moments les plus critiques que l’humanité a traversés récemment et qui aurait pu être fatal pour une économie congolaise qui dépend des importations, l’entrepreneuriat féminin, même à petite échelle, s’est avéré le dernier recours, valorise la conseillère du président, Chantal Mulop. « Il ne faut pas oublier que pendant la période de la Covid-19, ce sont les mamans maraîchères qui ont nourri la République Démocratique du Congo alors qu’on ne pouvait plus importer la nourriture ».

De son côté, l’AFD plaide pour un soutien de tous « pour la construction en RDC d’une société plus inclusive, équitable et prospère pour tous ».

 

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 Artemise Pembele : « le projet Pour Elles prend en compte la femme entrepreneure dans toute sa globalité » https://www.radiookapi.net/2024/03/01/actualite/economie/artemise-pembele-le-projet-pour-elles-prend-en-compte-la-femme (Radio Okapi)

Entrepreuriat féminin en RDC: un nouveau projet dénommé “Pour Elles” lancé à Kinshasa https://actualite.cd/2024/02/29/entrepreuriat-feminin-en-rdc-un-nouveau-projet-denomme-pour-elles-lance-kinshasa (Actualité.cd)

Bonne nouvelle pour les femmes entrepreneures de la RDC : Le Projet Pour Elles, financé par l’Agence Française de Développement, a été lancé à Kinshasa https://pourelle.info/bonne-nouvelle-pour-les-femmes-entrepreneures-de-la-rdc-le-projet-pour-elles-initiative-de-lagence-francaise-de-developpement-a-ete-lance-a-kinshasa/ (Pourelle.info)

Lancement officiel du projet pour elles «appui aux femmes entrepreneures en RDC» https://radiodelafemme.net/lancement-officiel-du-projet-pour-elles-appui-aux-femmes-entrepreneures-en-rdc/ (Radio de la Femme)

Top Congo https://www.youtube.com/live/Mq53qVzU6ew?si=i7aXUz87gxUS1N4y (Top Congo)

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